La rue principale [6eme-7eme jour de la saison des fruits. Filibert/Cassandre]

*Cassandre avait quitté la taverne en hâte et avait rapidement parcouru les ruelles de Nalawë mais ses pas ralentirent lorsqu'elle déboucha sur la grand'rue. Elle secoua la tête comme si elle sortait d'un songe, s'étira et sourit avec satisfaction. La nuit était douce et la rue silencieuse, un vent tiède balayait les pavés et tout dans l'atmosphère semblait devoir pousser les prédateurs à se mettre en chasse : la pleine lune et le calme semblaient inviter à saccager tant de douceur. Au loin on entendait les hurlements des loups dans la forêt, plus proches les chiens grognaient dans les jardins, des ombres frôlaient les murs, et le calme apparent fourmillait d'être à l'affût. Elle même se sentait en osmose avec cette ambiance nocturne et étrange, elle se sentait différente et légère. Si elle avait croisé à ce moment-là l'une des personnes avec qui elle avait passé la journée celle-ci n'aurait pu la reconnaître : l'instinct qui s'était éveillé en elle dans la taverne avait à présent pris le dessus, transformant et son esprit et son corps. Son âme de fée avait laissé la place à celle de la succube et cette dernière s'en réjouissait. Pour autant elle se sentait assez calme et plus tentée de goûter le calme de cette nuit que le sang ou le corps du premier venue. Cassandre remontait donc tranquillement la grande rue.*

** Assis sur le toit d'une haute maison, un couteau à la main, un roseau dans l'autre. J'étais en proie à mes questionnements, je réfléchissais ainsi sous la lune, aidé par la brise rafraichissante de cette nuitée, et par l'élaboration d'une petite flûte à partir d'un roseau ramassé dans la forêt, que je taillais distraitement. Il est bien trop dur d'avoir des idées ou de prendre une décision en se mettant la tête entre les mains et en disant "réfléchissons". Absorbé par une tâche simple, poussé par l'air calme de la nuit, les pensées pouvaient aller et venir en moi comme à travers un songe. Incapable d'attraper des solutions, je les laissais calmement rejoindre mon esprit vagabond **

oO° Dans la nuit du tombeau, toi qui m'as consolé. Mon maître, dans quels sombres recoins êtes vous enfermés ? ou pire ? Que se passera-t-il si je ne puis vous en sortir ? Dans la nuit du tombeau, toi qui m'as consolé..°Oo

** Impossible de se souvenir de la fin du vers, il m'échappait, tant mieux, mon humeur était déjà bien obscure. Je rangeais ma lame, et portais le roseau à mes lèvres, un souffle s'enfermait, et une mélopée douce et grave s'évadait, guidée par le rythme de mes doigts dansant sur l'instrument **

oO° Quelque chose comme... Les soupirs de la sainte et les cris de la fée °Oo

*Le silence de la nuit était rempli de murmures, de souhaits lancés aux étoiles, de prières à la lune, d'angoisses et de morts silencieuses. La nuit vivait partout autour d'elle et elle était étrangement consciente. Puis la mélodie s'éleva au-dessus de tous ces bruissements, les estompa sans les couvrir tout à fait, le bruit d'une flûte. Cassandre leva la tête, quelqu'un jouait plus haut dans la rue, la musique tombait des toits, quelque part devant elle. Elle n'avait rien à faire, la musique était agréable. Elle laissa ses sens la guider et se retrouva rapidement sur le seuil d'une étroite maison de pierre, en haut une silhouette se découpait dans la lumière de la lune. A l'angle de la maison une ruelle débouchait sur la rue principale, elle s'y engagea, jeta un coup d'oeil et déploya ses ailes. L'air de la nuit s'y engouffra, apportant une légère sensation d'ivresse, elle n'avait pas voler depuis longtemps et cette caresse était toujours surprenante. Elle se posa doucement dans le dos de la créature, sans réel soucis de discrétion, elle n'était pas assez naïve pour ne pas savoir qu'on l'avait déjà repéré : elle n'avait rien fait pour se dissimuler, elle n'avait pas pensé rencontré quelqu'un.

Elle fit un pas timide en avant.*

Cassandre : Bonsoir... *murmura-t-elle.*

** Conscient d'une présence derrière moi, ayant aperçu une silhouette s'envoler vers les toits, mais, ses faibles mots, couverts par la musique, n'étaient parvenus jusqu'à mes oreilles. Sans cesser de jouer, je me tournais vers le nouvel arrivant, une petite fille tout ce qu'il y a de plus banale, très jolie, la peau pâle, l'apparence fragile et gracieux, qui aimait probablement gambader des heures durant. Une mignonne petite humaine comme on en voit partout. **

oO° Si l'on omet l'évidence qu'elle vole. Il y a toujours de la surprise chez l'autre °Oo

** J'éloignais le roseau de ma bouche et murmura quelques mots **

-Voilà une jouvencelle fort hardie de foncer vers les inconnus dissimulés sous le manteau de la nuit.

[hj : beuh... je me suis amusée à préciser son changement d'apparence et même à changer l'avatar pour que ce soit évident... mais elle ressemble encore à une petite fille?!T_T]

*La silhouette se retourna. C'était un petit être trapu, une de ces créatures que l'on croise au royaume du petit peuple, un de ces vieux sages qui sont inévitablement vieux et sages. Elle se demanda un instant comment un être si petit pouvait dégager une si puissante aura et comment une aura si pleine de sagesse pouvait jouer un air si agréable. Mais le monde est pleins de surprise et elle était venue ici par curiosité, donc pour être surprise.
Les paroles de son interlocuteur l'étonnèrent un instant. Elle n'avait pas eu l'impression de foncer sur lui, mais les succubes avait il est vrai une appréhension de la réalité un peu différente des autres créatures et même son côté fée n'en venait pas toujours à bout.

Elle sourit.*

Cassandre : Je suppose qu'il n'y a pas beaucoup d'autres moyens pour découvrir ce que cache la nuit. Le son de votre flute m'a intrigué, il est assez rare d'entendre une telle mélodie à cette heure de la nuit... Il me semble qu'il est aussi assez incongru de se dévoiler ainsi lorsque les ténèbres encerclent Nalawë...

HJ: Bah écoute, l'avatar ressemble toujours à une gamine ^^ juste elle a l'air un peu possédée ^^


** Mon sourire s'élargit tout seul, et le roseau tournoyait entre mes doigts **

-Ma foi, je dois bien avouer être trop souvent coupable d'insouciance et de festivité ! Inutile d'entraver les volontés de la musique, si celle-ci veut s'exprimer, mon corps ne peut rien y faire !

** J'éclatais d'un grand rire korrigan, ce qui veut dire un grand rire franc, sans aucune retenue **

-Et si ce son vous intrigue, c'est que vous n'avez point entendue de korrigan manier le roseau, la toile d'araignée, souffler dans un tronc d'arbre évidé ou frapper des champignons ! La nature dans son état le plus pur est le plus bel instrument que peut caresser les doigts d'un virtuose !

*La jeune fille sourit, voila pourquoi la mélodie lui semblait familière.*

Cassandre : J'étais surtout curieuse de savoir où un korrigan pouvait bien trouver la pureté de la nature dans une ville telle que celle-ci... Mais votre air m'a surtout rendue mélancolique et sur le moment je n'en ai pas compris la raison; elle m'apparaît à présent : cela faisait longtemps que je n'avais pas côtoyer de korrigan.

*Sans plus de procès la jeune succube s'assit au côté du korrigan et contempla l'étendue de toits endormis qui s'offrait à son regard. Le silence avait repris ses droits et on entendait vaguement, au loin, les bruits sourds d'une lutte violente. Elle resta un instant silencieuse avant de se tourner à nouveau vers la silhouette à sa droite.*

Cassandre : Et que fais donc ici un korrigan? si la question n'est pas trop indiscrète, vous me paraissez assez éloigné de vos quartiers habituels.

** Un petit rire s'échappa de ma gorge **

-C'est une question on ne peut plus indiscrète mademoiselle, et vous ne l'ignorez sans doute point !

** Plus sensible au bruit que ne l'était apparemment la demoiselle, je tournais mes forts grandes oreilles dans la direction de la cacophonie brutale. Il me semblait distinguer des bruits de chocs, des chaires contre des chairs, mais pas de bruit de métal **

-Il semblerait qu'une bagarre de comptoir ait éclaté peu loin d'ici. Cette ville est, somme toute, fort cocasse, n'est-il pas ?

*Elle sourit, découvrant un sourire presque carnassier, oui la question était indiscrète et elle le savait. Elle avait essayé et avait échoué, tant pis.*

Cassandre : Cette ville? Oui assez divertissante, les habitants s'y laisse facilement bernés, outre qu'ils sont impulsifs et perpétuellement pleins. A vrai dire je crois que si ce n'était qu'une ville humaine on s'y ennuierait vite.

** J'eus un sourire pour la jeune fille à côté de moi **

-Bien entendu, cette ville semble regorger d'aventuriers, de brigands, de braves et de lâches, de soldats et de mercenaires. La population de cette ville est fortement composée de têtes-brûlées, de personnages qui ne cherchent pas la quiétude, qui combattent l'inaction, alors forcément, des fois, cela entraîne un désordre certain !

** Ma main dans la poche, je sentais mon tabac qui semblait m'appelait d'une voix mielleuse *

*La jeune fille se leva et s'étira. La nuit lui donnait envie de partir en chasse mais rien ne prouvait qu'il y eut ici une seule victime digne d'intérêt, au contraire. Rien ne différait vraiment des autres nuits nalawënnes. Elle se demanda si elle n'allait pas malgré tout faire un tour dans les rues vides puis, jetant un coup d'oeil au korrigan, se résigna. Après tout cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas eu l'occasion de discuter avec quelqu'un de son peuple, même si, pour le moment, elle même n'appartenait plus vraiment au peuple en question. Elle se tourna à nouveau vers lui.*

Cassandre : Hum... Je ne crois pas m'être présentée. Je suis Cassy, succube, enchantée.

*Elle aimait bien, le soir venue, préciser sa nature, elle aimait les sonorités de ce mot et se plaisait à le répéter. De plus les réactions de ces interlocuteurs étaient parfois si comiques qu'elle aimait à les provoquer.*

** Le mot succube résonna désagréablement à mes oreilles. Le problème avec les succubes est le même pour tout le monde. A savoir que ce sont des êtres perfides, égoïstes, prêtes à tout. **

-Vous me voyez enchanter de vous rencontrer Cassy

** Le monde entier déteste les succubes, les succubes elles-même se haïssent, mais tous, du korrigan au taurien, adorent les succubes, exactement de la même façon que nous les haïssons.
C'est d'ailleurs la raison qui me fit tendre la main vers un être aussi diabolique, conscient de la stupidité de mon acte, mais ne pouvant l'entraver. **

-Filibert Bohruzig est mon nom.

Cassy : Enchantée! *répondit-elle avec un sourire engageant en saisissant la main tendue.*

*Elle le savait conscient du danger. Le simple fait d'effleurer la peau d'une succube était fatale à la plupart des hommes. Heureusement pour lui le korrigan appartenait à une race un peu plus résistante et la double nature de Cassy tempérait son instinct. Elle commençait à peine à penser à son interlocuteur comme à une proie potentielle. Elle rejeta cette idée : il n'était pas assez insignifiant pour mériter ce sort, au contraire, il l'intriguait énormément. Les succubes sont beaucoup de choses mais elles sont avant tout curieuses et Filibert attisait la curiosité de Cassy.*

Cassy : Je me répète surement mais la présence d'un korrigan sur les toits de Nalawë une nuit de pleine lune m'étonne, votre race n'évite-t-elle pas sagement de s'exposer à des dangers inutiles? ( non que vous soyez actuellement en danger mais les nuits de pleine lune ne sont pas réputées pour être les plus sures, surtout pas dans cette ville où grouillent toutes sortes de créatures nocturnes.)

** Je partis d'un rire franc et peut-être un peu moqueur **

-Les Korrigans ne sont pas tous des ermites autarciques, au contraire. Je suis pour ma part un incorrigible voyageur et je ne peux souffrir de rester enfermé dans nos cités, si belles soient-elles.

** Je lâchais sa main, le contact avait été exactement comme prévu, électrisant, sensuel, réconfortant. Toutes ces sensations poussées à l'extrême avait chamboulé mon estomac, et m'avait laissé pendant une seconde qui paraissait éternelle, dans un état de béatitude un peu abrutissante, une sorte de blanc mental qui faisait basculer mon esprit dans la confusion. **

-Et puis, les dangers sont mesurables, on peut les anticiper sans trop de mal, et ces dangers qui surviennent devant moi sont loin d'être inutile à vrai dire.

*Elle eut à son tour un sourire moqueur et approcha son visage de celui du korrigan.*

Cassy : On a beau anticiper le danger... Peut-on réellement lui échapper...?

*Elle s'éloigna et contempla le korrigan sans cesser de sourire mais avec curiosité.*

Cassy : je crois que je n'ai jamais rencontré personne trouvant le danger profitable... Vous êtes très étrange en réalité. A moins que vous n'ayez envie de mourir afin de recommencer une autre vie, ce qui expliquerait l'intérêt du danger... Sinon je ne vois pas. Ou alors...

*Elle semblait s'amuser à essayer de comprendre le korrigan. Les succubes sont tout sauf des êtres altruistes et en vérité ils comprennent assez mal, voire absolument pas, les autres créatures quoiqu'elles soient assez douées pour les singer.*

Cassy : ou alors vous aimez le danger. Il y a des gens comme ça...

** J'échappais mes yeux de ce regard, bien que captivant, on y lisait bien trop de choses, des choses qui ne valaient pas le coup de s'y plonger, ou plutôt, de s'y noyer **

- Le danger en lui-même n'est guère attirant, mais il vaut parfois le coup. Il suffit d'y faire face, ne serait-ce que temporairement, cette victoire permet d'atteindre ses objectifs, si les objectifs valent le risque, pourquoi hésiter ? Je ne crains guère les dangers de la nuit de toute façon.

** Les mains dans les poches, je sentais les runes vibrer. **

oO° Encore un plan du temps ? °Oo

*Son sourire s'agrandit encore. Elle savait qu'il ne fallait pas sous-estimer les farfadets mais elle savait aussi qu'elle ne risquait pas grand chose, que cette nuit était la sienne et qu'après tout elle ne durerait, pas quoiqu'il arrive l'aube viendrait bien assez tôt à son secours. Non décidément elle ne craignait rien et s'il continuait à la provoquer elle ne résisterait pas, à quoi bon?
La nuit avançait et l'esprit de la fée la désertait, bientôt rien ne retiendrait la succube. Elle leva les yeux vers la lune, elle était presque pleine comme elle s'y attendait. La jeune fille sentait des frissons parcourir son corps, la sensibilité des succubes éveillait son corps à la sensualité, la moindre parcelle de sa peau était sensible à la caresse glacial du clair de lune, à la proximité de son interlocuteur et au regard qu'il posait sur elle. Elle savoura ce flot de sensations tout en élevant des défenses mentales tant qu'elle en avait encore le temps.

La succube fit battre ses ailes et sortit de ce qui pouvait passer pour une transe pour se tourner vers Filibert.*

Cassy : Vous êtes très sur de vous... *Elle contempla les étoiles avant de reposer ses yeux sur lui* Pour ma part je me méfie toujours. Qui vous dit que vous saurez toujours résister au danger? Surtout à celui qui se cache dans les ténèbres... *Elle le fixa pensive.* Je suppose que vous n'êtes pas le genre de personne à prendre des risques inconsidérés et que votre confiance en vous est justifiée.

** Son regard changeait peu à peu, il était plus intense, et je le devinais toujours plus cruel. Pourtant il avait quelque chose d'extrêmement doux, il plongeait dans un hébètement reposant, comme une herbe grasse et parfumée sur laquelle on se laisserait baigner par le soleil chaud.**

oO° Couper les liens, ne pas se laisser abrutir...°Oo

** J'éloignais mes yeux des siens. Au fond de ma poche, je m'efforçais de reconnaître les différentes runes rien qu'en les effleurant du bout du doigt, rien de tel qu'un léger exercice mental pour se distraire **

oO° Celui-là c'est butun... Le tabac, la réflexion, l'esprit qui vagabonde °Oo

-J'essaye de garder foi en ma capacité d'improvisation. Et puis, ce qui est agréable avec les dangers, c'est que plus ils sont grands, plus on a de chance de mourir pour ne plus les regretter

** Sur ces paroles que certains jugeraient sombres, je me sentais réconfortés, rien ne dépendait vraiment de moi, le Temps fait toujours son office, et tout aussi sage, puissant, brave que l'on pouvait me décrire, je n'était que poussière au milieu des Sables du Temps. C'est donc à cette douce pensée que j'offrais un rire bruyant et joyeux entre tous, le Temps finira toujours par gagner, je n'ai qu'à faire des choix en toute connaissance de cause et accpeter les conséquences, forcément temporaire **

*Elle pencha la tête sur le côté pour l'observer. Puis elle prit conscience de son geste et se morigéna, une succube ressemble vite à un oiseau (à cause des ailes peut-être) et elle détestait les oiseaux (parce que eux, ils étaient libres). Elle sentait une aura puissante émaner de Filibert et le respect instinctif que cela lui inspirait ne tempérait pas son instinct. Nier le danger face à elle s'était éveiller son envie d'être dangereuse.*

Cassy : oui au final c'est tout ce qui peut réellement justifier le courage, la certitude que l'on a rien à perdre; que ce soit par désespoir ou par espoir. Aucun être sensé ne s'y exposerait ainsi, il faut avoir réussi à dépasser son instinct de survie, ce qui suppose un immense mal-être ou au contraire une immense sagesse. Evidemment vous n'appartenez pas au premier cas de figure...

*Elle se dirigea vers l'extrémité du toit, le frôlant au passage, et s'accroupit pour contempler le vide.*

Cassy : ... c'est donc que vous êtes un sage. * dit-elle en relevant la tête vers les étoiles.*

** J'inspirais profondément. cette soirée n'était pas aussi solitaire que prévu, mais pas moins intéressante **

-Je préfère de loin dire que je ne suis pas plus stupide qu'un autre. C'est toujours quelque chose d'honorable après tout !

oO° Les runes tremblent de plus en plus fort, elles veulent se livrer...J'ai pas l'impression que ce soit vraiment le moment pour ça... °Oo

* Elle se retourna vers lui.*

Cassy : Possible. Ce n'est pas une question d'intelligence mais de jugement. Votre jugement est sain, vous n'êtes pas aveuglé par une émotion qui pourrait vous faire agir inconsidérément. La sagesse n'est qu'une question de raisonnement.

*Elle se redressa d'un mouvement fluide et ses ailes déployées masquèrent un instant la lune pourtant haut dans le ciel. La conscience de la fée venait de s'évanouir et la succube s'épanouissait pleinement possédée par son inconscient, sa conscient analysant chaque frémissement du monde qui l'entourait. Le toit était parcouru d'ondes magiques, de courants astraux, sous la demeure se tordait le puissant courant d'un noeud tellurique. La lune décuplait les possibilités de l'endroit, et ce serait le lieu idéal pour un rituel le lendemain lors de la pleine lune. La conscience qu'elle avait de la présence de Filibert se précisa. Les forces occultes confluaient vers lui, il catalysait une partie de la magie de la nuit. Elle savait que certaines de ces ondes la traversaient aussi, que d'autres l'évitaient et que d'autres encore n'était attirée que par elle. Sa conscience du monde se modifia subtilement.*

Cassy : Aucun être vivant sur cette terre n'est égal à un autre. Dans votre genre vous me surpassez. Et à vrai dire contrairement à vous j'hésiterai avant de me frotter à vous si vous m'étiez hostile. Mais dans mon genre je vous surpasse...

*Elle se rapprocha de lui.*

** J'avais noté le déplacement, petit déplacement, mais elle se rapprochait tout de même de moi **

oO° La manœuvre commence ? °Oo

** Il me fallait une autre occupation, je tentais de me concentrer au maximum pour remplir de tabac la première pipe qui s'approchait de ma main. **

-J'avoue être curieux de ce qui peut être votre genre

** Il y avait beaucoup trop de tabac, j'aurais du mal à l'allumer **

*Elle se posta en face de lui et le contempla avec un sourire moqueur.*

Cassy : mon genre? Je ne vous croirai pas si vous me dites que vous ne le savez pas. En tout cas je ne peux pas vous battre sur votre terrain. Je ne suis pas réfléchie et je crois que si je m'exposai au danger ce serait plutôt par stupidité ou par désespoir (encore faudrait-il qu'une succube puisse être désespérée et je ne crois pas que ce soit déjà vu...). Et je suis plutôt impulsive donc je ne serai pas capable de me contenir assez pour faire face.

*Elle s'assit et l'oublia un moment, trop occupée à contempler les étoiles pour poursuivre la conversation. Elle reprit la parole après quelques minutes.*

Cassy : En revanche je suis très douée pour lire les signes révélateurs de ce monde et les interprétés pour savoir si la situation m'est favorable ou non et à qui j'ai à faire.

*Elle sourit de plaisir*

Cassy : et ce soir je ne crains rien, les étoiles me sont bénéfiques.

** Alors que j'allumais mon tabac, je pensais aux runes enfouies dans ma poche **

- Chacun ses croyances mademoiselle... Les miennes ne vous désigneraient peut-être pas comme si intouchable...

** Je pris une longue bouffée de tabac, les volutes de fumée s'élevaient en gigantesques ronds vers les étoiles **

- De plus, se croire plus doué que d'autres pour décrire le monde c'est peut-être croire un peu trop en soi.

Cassy : Eh bien il y a des natures raisonnables et d'autres qui ne le sont pas. Par malheur je ne le suis pas. Enfin ne vous méprenez pas, je ne me prêtant pas plus douée qu'un autre, je vois seulement certaines choses différemment que vous ou que d'autres. Mais l'inverse est évidemment vrai aussi.

*Elle suivit des yeux les circonvolutions évanescentes qui enflaient paresseusement sur la trame noir du ciel nocturne. Les murmures de la nuit lui parvenaient par bribes étouffées sans qu'elle leur prête attention. Un calme étrange régnait sur le toit.*

Cassy : quant à savoir si je suis intouchable ou non, Dieu merci je pense qu'on peut encore me toucher!
*ses lèvres s'élargir en un sourire ironique*
Chacun peut croire en ce qu'il veut. Pour ma part je préfère croire en moi qu'en toute autre chose.

*Elle se tut un instant puis quitta des yeux la fumée de sa pipe pour le regarder.*

Cassy : En vérité je crois que vous dites tout ça car vous êtes sur vos gardes... Que redoutez-vous? La nuit est calme...